Une BBC à la française regroupant d’ici 2020 l’ensemble des médias audiovisuels publics, de France Télévisions à Radio France: c’est la proposition présentée mardi par deux sénateurs dans un rapport.
La création de ce groupe unique, qui serait baptisé « France Médias », permettrait de réaliser des économies, via des mutualisations, et de renforcer son indépendance vis-à-vis de l’Etat, estiment André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes) dans leur rapport publié en plein débat sur le financement de l’audiovisuel public.
Estimant que les sociétés de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, Arte, Ina, France 24, RFI) « sont dans une situation difficile » et que « leur modèle économique traverse une grave crise, qui appelle une véritable refondation », les auteurs suggèrent de procéder en trois étapes pour donner naissance à « France Médias » d’ici 2020.
Une première phase de « stabilisation des ressources » verrait augmenter en 2016 et 2017 la contribution à l’audiovisuel public (CAP, ex-redevance audiovisuelle) de 2 euros, hors hausse liée à l’inflation. En parallèle, une « réserve de 150 millions d’euros » serait créée à partir de la CAP pour encourager « financièrement les initiatives communes ».
La deuxième étape, en 2018-2019, concernerait la réforme de la CAP et de la publicité. Avec 3,7 milliards d’euros reversés aux médias de l’audiovisuel public, l’ancienne redevance constitue l’essentiel de leurs ressources.
Les deux sénateurs jugent la CAP inadaptée car elle concerne uniquement les détenteurs de télévisions et pointent le risque de « décrochage » à mesure que « les jeunes générations renonceront à faire l’acquisition d’un téléviseur pour accéder aux programmes sur des objets connectés ».
Le rapport conseille donc de remplacer la CAP par une « contribution forfaitaire universelle » à partir du 1er janvier 2018 en intégrant les possesseurs de tablettes et smartphones.
Par ailleurs, la publicité sur les chaînes du service public ne serait pas totalement supprimée mais davantage encadrée pour favoriser les messages « compatibles avec la protection de la santé et de l’environnement ».
Enfin, en 2020, les sociétés de l’audiovisuel public seraient réunies au sein du groupe « France Médias ».
Pour la « libérer du poids de la tutelle de l’État », cette nouvelle instance pourrait nommer elle-même son président, ainsi que les dirigeants de ses filiales, et répartir la future contribution forfaitaire universelle « en fonction de ses choix stratégiques ».
Le financement de l’audiovisuel public fait de nouveau débat depuis que la nouvelle présidente de France Télévisions Delphine Ernotte a averti que le déficit du groupe pourrait atteindre 50 millions d’euros en 2016, après le refus du gouvernement d’un retour de la publicité après 20H00 et d’une hausse de la redevance.
29/09/2015 15:40:28 – Paris (AFP) – © 2015 AFP
Image d’illustration : André Gattolin lors de la conférence de presse de présentation du rapport au Sénat (photo KL).