Le Domaine de Sceaux n’est pas seulement l’un des plus beaux parcs de France. C’est aussi un jardin où se développement quantités d’espèces végétales et animales. Elles sont aujourd’hui victimes d’infections parasitaires dont les effets sur la biodiversité sont à mes yeux un problème majeur. C’est pour échanger avec ceux qui, au quotidien, font vivre ce parc, que je me suis rendu à Sceaux le 23 octobre. Compte-rendu.
Historique du domaine de Sceaux
Bien que l’on parle « du » jardin du domaine de Sceaux, ce sont successivement deux jardins qui sont réalisés par Le Notre dans ce parc à partir de 1670.
Ce jardin, tel qu’il se présente encore aujourd’hui, est typique des jardins dessinés par Le Notre : hémicycle, perspectives latérales, miroirs d’eau et illusions d’optique (le canal s’étend sur plus d’1 km). La rambarde, d’époque, date de la période Louis XIV.
Le domaine est classé Monument historique. Son statut a fait l’objet d’une double validation : par le préfet et par le ministère de la culture.
Le département n’emploie pas de jardiniers pour l’entretien du domaine, qui fait donc l’objet d’une délégation de service public.
Gestion du domaine et de son jardin
Un plan de gestion du domaine est élaboré et intégré au marché public passé avec la société retenue. Il opère un découpage géographique du domaine en quatre codes : grands axes horticoles, axes jardinés, axes naturels et axes rustiques.
C’est particulièrement important dans l’optique de continuité de l’exercice et de respect de la mémoire du site.
Un plan de gestion arboricole (entretien et renouvellement arbres) est d’autre part intégré dans ce plan de gestion. Il énonce des règles exigeantes :
- zéro produit phytosanitairte ;
- zéro engrais minéral (seuls des engrais d’origine organique, utilisés en agriculture biologique, sont employés) ;
- compostage : aucune matière végétale ne sort du domaine (les arbres morts sont par exemple utilisés pour réaliser des poteaux ou des bancs. Ces dernières années, des Chênes, des Frênes et des Merisiers sont « partis pour la planche »).
L’arrosage des pelouses a été abandonné, trop dispendieux en eau : pour les responsables du domaine, « il faut accepter qu’en été, elles deviennent jaunes au soleil ». Cette décision participe également d’une démarche pédagogique vis à vis du public sur l’effet des saisons sur la flore.
Le parc est certifié par le Label Ecocert. C’est à la fois motivant, tout en participant de la transversalité du travail des équipes.
Les parasites des végétaux
La Fredon Ile de France publie le Bulletin de Santé végétale, sous contrôle du ministère.
Sur l’ensemble du département, les marronniers, massivement plantés il y a des décennies, posent problème : peu solides et atteints par la mineuse. Des programmes de réhabilitation sont donc mis en œuvre : 450 arbres sont à renouveler à Chatenay-Malabry, ils seront remplacés par de l’Orme.
Un autre insecte attaque les platanes depuis plusieurs années, le tigre du platane. Il est très problématique car de propagation rapide, y compris jusque chez les particuliers où il peut même causer des désagréments physiques aux personnes. Il n’existe pas de traitement efficace à ce jour.
Une espèce animale invasive : la perruche à collier
D’origine afro-asiatique, elle s’est introduite en France via les animaleries, qui ont vendu des populations de cette espèce qui ont ensuite été relâchées par leurs propriétaires. Contrairement à la tortue de Floride, elle aussi relâchée dans les bassins français, la perruche à collier s’épanouit sous le climat français et se reproduit rapidement. Le problème : cette espèce est trop invasive.
Présente dans tout le Sud du département, elle chasse les oiseaux indigènes et elle est aussi concurrente de l’écureuil roux dont elle « squatte » les nids.
Elle se nourrit de bourgeons, notamment sur les arbres fruitiers, ce qui pose un problème économique par rapport à la production.
C’est un arrêté ministériel qui établit le caractère invasif d’une espèce. D’ores et déjà, la perruche à collier est classée comme tel au niveau européen.
Des buis infectés dès leur plantation en 2013
Les broderies de buis étaient présentes dans les plans du jardin dessinés par Le Notre.
Les pieds de buis achetés puis plantés en 2013 ont été commandés dans une pépinière hollandaise, choisie en raison de son isolement par rapport à d’autres cultures, gage, à priori, de l’absence de transmission possible de maladies.
Il s’agit de l’espèce type, le buis commun (Buxus sempervirens).
Le buis est un arbuste résistant, qui ne perd pas ses feuilles en hiver et qui résiste au gel. Il s’épanouit dans une terre légère et avec un bon drainage. À ce titre, les poches d’eau souterraines sont dangereuses. C’est justement le problème qui s’est posé à Sceaux, lorsque les buis furent réintroduits en 2013, en raison du caractère argileux du sol, qui stockait l’eau notamment en période hivernale. Des travaux ont donc été réalisés pour éliminer les poches d’eau alors présentes dans le sol aux emplacements où des arbustes étaient affaiblis.
Les deux maladies (pyrale + champignons) sont pourtant apparues dès le début de la plantation des buis en 2013.
À ce jour, ces maladies sont présentes mais contenues :
- la pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est éradiquée grâce à un produit spécial. Trois pulvérisations ont suffi cette année ;
- les deux champignons (Cylindrocladium buxicola, d’introduction récente en France ; et Volutella buxi, présent depuis les années 1970 d’après le ministère) ne peuvent pas être éliminés mais ils sont désormais contenus.
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