André Gattolin a rappelé, ce 29 novembre dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2018 en commission de la culture, la nécessité d’une réforme des aides à la presse. Retrouvez ci-dessous son intervention issue du compte-rendu des débats :
« Le portage multi-titres existe depuis longtemps et beaucoup de titres l’ont déjà mis en place. La chute du nombre d’exemplaires a été telle que, pour assurer la diffusion entre des lieux éloignés, les titres ont dû travailler ensemble pour mutualiser le portage ; les titres de la presse quotidienne se sont ainsi rapprochés de la presse quotidienne régionale, majoritairement portée, depuis une quinzaine d’années.
Le problème réside est moins dans le niveau des aides à la presse que dans leur répartition et les critères qui la déterminent. Si l’on considère qu’informer et animer le débat public constituent une mission de service public, alors il est légitime d’aider les entreprises privées qui y contribuent. C’est à ce titre, d’ailleurs, que la loi du 29 juillet 1881 pour la liberté de la presse prévoyait déjà une aide à la diffusion. Encore faudrait-il tenir compte de la qualité de la contribution que les titres apportent au débat. Or, les plus importants bénéficiaires des aides à la presse sont certains magazines qui n’ont guère de rôle informatif, à l’image des magazines people, qui bénéficient déjà pleinement de la TVA à taux super réduit. En Belgique, le système a été réformé pour tenir compte de critères de rédaction et de qualité rédactionnelle, en se fondant par exemple sur le nombre de journalistes professionnels employés – les pure players en emploient très peu en effet, à la différence des journaux imprimés d’information. Cela me semble constituer un critère intelligent pour soutenir la qualité et la diversité de l’offre.
Enfin, n’oublions pas la question des droits d’auteur. Notre système est inique : la presse perçoit une part de la redevance pour la copie privée, mais celle-ci est calculée en fonction de l’espace pris, sur le disque dur, par les différents contenus créatifs stockés. Or un film occupe infiniment plus de mémoire numérique qu’un journal ! Avec une telle clef de répartition, on décourage la production d’informations en France par un partage injuste de la valeur. Il faudrait favoriser la syndication et la revente des contenus, comme c’est le cas aux États-Unis depuis 1895. On pourrait même réduire le niveau global des aides à la presse, pourvu qu’on les rende plus efficientes en les appuyant sur des critères permettant de soutenir la démocratie et de nourrir le débat public. »