Europe Ecologie-Les Verts, fort de ses 17 députés, pourra constituer un groupe parlementaire malgré ses faibles scores aux élections présidentielle et législatives. Les dirigeants du parti, Cécile Duflot en tête, sont apparus comme de redoutables négociateurs, quitte à renoncer à quelques engagements. Leur pari: un essoufflement du PS.
« C’est un sacré paradoxe. Les écolos étaient censés apporter de la fraîcheur en politique. Ils apparaissent, en réalité, comme de sacrés manœuvriers pour parvenir à leur fin. Pour les législatives ça a marché ». Ce cacique du PS n’en revient pas de l’aplomb affiché par les dirigeants d’Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV). Un parti qui a tout raflé en quelques semaines. Ils avaient trois députés dans la précédente législature, ils en auront 17 dans celle qui s’ouvre.
De quoi constituer un groupe parlementaire, pour la première fois de leur (jeune) histoire. Et, en attendant peut-être plus, deux des leurs siègent au gouvernement : la bientôt ex secrétaire nationale d’EE-LV, Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, et Pascal Canfin, ministre délégué chargé du Développement. Tout ça en ayant recueilli 3,60% des voix aux élections législatives et avec une candidate à la présidentielle – Eva Joly – qui n’a pas dépassé 2,3%… Bien joué.
Acquérir de la maturité et de l’expérience
Pour Gattolin, sénateur EE-LV des Hauts -de -Seine, cette avancée des « écolos » a du bon : nous avons d’abord eu des députés au Parlement européen, puis des sénateurs et maintenant des députés à l’Assemblée nationale. C’est essentiel pour le développement d’un mouvement qui doit quitter le simple côté protestataire . Avec la multiplication de nos représentants, nous entrons dans une logique de législateurs, cela nous donne une part de réalisme, nous apprenons la complexité du système politique français, nous acquérons de l’expertise ».
Certes, mais il y a aussi une vison plus négative, du moins pour le sympathisants d’EE-LV : le parti n’a-t-il pas vendu son âme pour quelques sièges ? La critique n’est pas nouvelle. Plusieurs ténors écologistes avaient critiqué le peu de « fond » de l’accord de mandature conclu fin novembre 2011 entre EE-LV et le parti socialiste. A part le volet énergétique – qui avait donné lieu à un psychodrame entre les négociateurs PS et EE-LV, s’agissant de l’avenir de la filière Mox -, le texte était considéré comme manquant sacrément d’ambition. Même au chapitre nucléaire, les Verts avaient du « avaler » le simple objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% en 2025, le maintien de l’EPR et la fermeture d’une seule centrale (Fessenheim) durant le quinquennat. Autant de reculs, en échange de circonscriptions gagnables…
« C’est vrai que nous avons alors perdu des soutiens au sein de notre électorat car nous étions dans des batailles trop politiques », admet André Gattolin. Mais le pari est sur le moyen terme ».
Se poser en alternative à l’horizon 2014
Explication : les Verts vont faire le dos rond pendant deux ans. Ils savent que le PS, fort de sa majorité absolue, n’a pas besoin d’eux pour gouverner. Ils vont attendre que le temps se gâte et que François Hollande et Jean-Marc Ayrault commencent à perdre quelques plumes dans l’opinion. Ils vont faire entendre leur petite musique sur les transports, l’habitat, la construction, l’Europe… Et rendez-vous est déjà pris pour les élections municipales et européennes de 2014, deux scrutins généralement favorables à EE-LV. « Le PS, qui sera peut-être en difficulté à ce nomment là, aura besoin d’un allié. Ce rôle ne peut plus être rempli par les communistes et le Front de Gauche. Nous serons là. Le PS devra nous écouter ». Bref, deux ans pour que EE-LV acquiert une maturité pour devenir une force alternative crédible auprès d’un électorat socialiste déçu et d’électeurs centristes déboussolés.
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