Ce mardi, en séance publique au sénat, André Gattolin s’est opposé à un amendement à l’article 20 de la première partie du Projet de Loi de Finances pour 2015, prônant le développement des agrocarburants. Cette explication de vote est retranscrite ci-dessous (seul le prononcé fait foi).
M. André Gattolin. Je voudrais profiter de l’une de mes rares interventions pour m’élever contre ce gloubi-boulga d’arguments qui met la « transition énergétique » ou la « transition écologique » à toutes les sauces.
Nous le savons très bien, derrière ces amendements, il y a le lobby des agrocarburants qui pèse de tout son poids.
Mme Sophie Primas. Et les écologistes ?
M. André Gattolin. Madame Primas, vous avez votre vision du monde et j’ai la mienne. Vous ne détenez pas la vérité !
Aujourd’hui, nos terres sont menacées par une telle filière, qui ne relève ni de l’environnement, ni de l’écologie, ni de la transition énergétique. Croyez-vous qu’il soit de bonne pratique d’utiliser de la surface agricole utile pour une exploitation intensive, souvent à grands coups de pesticides ? Dites-moi que c’est du business, là, au moins, vous serez claire.
On nous oppose l’argument du financement de la recherche. En l’espèce, tout est cadré depuis le vote de la loi d’avenir de l’agriculture, et votre argument ne tient pas. Or si cette filière souffre autant, c’est parce que le prix du brut est en train de s’effondrer. C’est une réalité de la compétition mondiale.
Si votre argument consistait à dire que cette énergie assure l’indépendance énergétique au pays, je pourrais vous entendre. Mais ne venez pas me dire que les agrocarburants sont écologiquement propres. Dans ce domaine, mieux vaux l’hybride et la voiture électrique.
Si nous suivons votre raisonnement, nous allons faire payer aux utilisateurs d’autres types de carburant le lancement d’une filière dont on sait qu’elle n’est pas neutre du point de vue environnemental. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement au Brésil, où l’on déboise massivement pour produire des agrocarburants.
Réfléchissons un peu : on ne peut pas être les défenseurs d’une agriculture traditionnelle de qualité, de la ruralité et, dans le même temps, prôner des solutions qui ne sont ni raisonnables ni raisonnées et qui ne relèvent pas de la transition énergétique.
Voilà pourquoi les écologistes voteront contre ces amendements.
(Extrait du compte-rendu intégral)