JDE 2015 : Compte-rendu de l’atelier sur l’Arctique

Introduction – André GATTOLIN, sénateur.

L’Arctique est un symbole du réchauffement climatique car les effets y sont plus forts, mais c’est aussi un acteur de ce phénomène : une fois fondue, la surface de glace blanche devient bleu foncée, et capte alors la chaleur. Cet « effet d’albédo » constitue donc un phénomène d’accélération et d’amplification du réchauffement global.

L’Arctique est aussi un objet géopolitique : un enjeu entre les Etats riverains, et même au-delà (exemple de la Chine), d’autant plus que la fonte créera aussi de nouvelles voies navigables sur une certaine période de l’année.

 

JDE2015_JAKOBSDOTTIR_ArctiqueLes enjeux écologiques et économiques de la fonte des glaciers – Katrin JAKOBSDOTTIR, présidente des verts Islandais.

La fonte des glaciers est un enjeu de taille pour l’Islande, notamment quant à son impact :

  • sur l’énergie hydraulique, qui occupe une forte part dans le mix énergétique ;
  • sur les courants chauds à l’origine de la pêche, qui constitue un secteur économique vital pour le pays.

Le Conseil de l’Arctique, sous forme d’un forum ouvert, sans pouvoir contraignant sur les Etats, étudie différentes problématiques :

  • l’ouverture de nouvelles routes navigables : elles permettraient des économies d’énergie… mais contribueraient à renforcer la pollution locale ;
  • la communauté internationale (en particulier la Chine) nourrit un intérêt grandissant pour les ressources présentes (gaz, minérales) en Arctique. Suite à l’autorisation d’exploration par la société Shell, signée par le Président Obama, Hillary Clinton s’est opposée publiquement à l’exploitation de ces ressources. Face à l’intérêt écologique, c’est toujours l’intérêt économique qui l’emporte : je considère qu’il faut préserver l’Arctique de ces intérêts économiques, loin d’être soutenables et particulièrement risqués…

 

JDE2015_Degeorges_ArctiqueLe Groenland, un quasi-Etat ? – Damien DEGEORGES, docteur en sciences politiques.

Le Groenland n’est pas un Etat. Pour autant, le statut d’autonomie renforcée (2009) au sein du Royaume de Danemark, et la faculté acquise en 2010 de gérer ses ressources naturelles, lui donne déjà la possibilité de devenir un quasi-État. Désormais possible juridiquement, cette question d’indépendance — liée à celle des choix d’alliances — reste très lointaine dans les faits.

L’autonomie renforcée a généré un essor des activités internationales du Groenland, se manifestant par des rencontres de haut-niveau entre personnalités groenlandaises et acteurs internationaux : Angela Merkel (2007), Hillary Clinton (2011), Li Keqiang (2011), Lee Myung-bak (2012), Ban Ki-moon (2014), … Les enjeux de politique étrangère et de sécurité liés au Groenland demeurent néanmoins gérés par le Danemark.

Cet enjeu d’étatisation réside enfin dans la sécurisation de l’économie groenlandaise sur le long terme. L’enjeu : éviter une construction économique trop vulnérable qui en ferait un pays en proie à des crises analogues à celle de l’Islande en 2008…

Crédits photos : Eric Coquelin